9 novembre 2025

Depuis le 7 mai dernier, le Stade des Martyrs, habituellement lieu de sport et de culture, fait face à une situation exceptionnelle. À sa vocation première s’est greffée une urgence sociale, avec l’accueil de milliers de sinistrés venus s’ajouter à une fréquentation déjà dense. Une réalité qui met à rude épreuve les capacités de ce complexe emblématique de Kinshasa.

« Le stade est un endroit sportif et culturel. Nous l’assainissons avant et après chaque activité. Mais à partir du 7 mai, vous savez ce qui s’est passé avec les catastrophes naturelles. Le stade appartient à l’État : nous avons accueilli des sinistrés. Il y en avait jusqu’à 7 000 avant l’évacuation de 2 000, mais nous disposons de faibles moyens en équipements et en personnel », explique Dadou Etambe, gestionnaire du site.

En temps normal, le Stade des Martyrs accueille jusqu’à 18 000 personnes par jour. Mais depuis cette crise humanitaire, l’afflux a explosé. Pourtant, l’infrastructure sanitaire reste la même : 96 toilettes fixes et 20 mobiles, un chiffre largement insuffisant pour absorber cette nouvelle réalité.

  • Cependant, au-delà de cette situation, une réalité souvent ignorée mérite d’être soulignée : « Au-delà de l’utilisation du stade, il y a aussi le civisme. Ce ne sont pas les autorités qui mettent les saletés, mais bien la population. Nous avons des installations, même des latrines, mais certains viennent déféquer dehors », déplore Etambe.

Des efforts visibles, mais peu soutenus

Chaque jour, malgré un personnel réduit et un manque criant de matériel, les équipes du stade s’efforcent d’assainir les lieux. Un défi constant dans un contexte où la propreté dépend autant de l’organisation interne que du comportement des usagers.

Le stade reste en effet un espace polyvalent, accueillant football, basketball, handball et autres disciplines, ce qui accentue l’usure des infrastructures, bureaux et équipements. Et face à cette charge, les moyens manquent cruellement.

Dadou Etambe continue de solliciter l’aide de l’Hôtel de Ville et du ministère des Sports dirigé par Me Didier Budimbu, dont l’implication est saluée dans la gestion de cette crise.

Une situation aggravée par des tensions sous-jacentes

Derrière les critiques actuelles, certains y voient une attaque voilée contre le ministre des Sports, à l’approche de la formation du gouvernement d’union nationale. Le stade semble devenu le prétexte d’un combat politique visant à affaiblir l’image d’un acteur pourtant engagé dans la transformation du secteur, après des réussites sur le plan sportif.

Autre épine dans la gestion du stade : les impayés de la part de plusieurs locataires. Etambe révèle qu’à son arrivée, une dette de 58 000 dollars de loyers impayés pesait déjà sur la structure. Pour un stade qui dépend en partie de ses recettes propres et du soutien de partenaires, ces difficultés compromettent la gestion quotidienne.

Face à tout cela, le gestionnaire lance un appel à la responsabilité collective : soutien logistique, renforcement du personnel, retour au civisme. Il envisage également de renforcer les dispositifs de sécurité et de contrôle à l’entrée du stade afin de mieux gérer les flux et prévenir les abus.

Car au final, « la vie des Congolais vaut plus qu’un stade », conclut Dadou Etambe, déterminé à poursuivre sa mission malgré les obstacles.

Emerode Kamba