Constant Omari et Gianni Infantino
Au cours d’une longue interview exclusive accordée à cumulard.cd le samedi 01 avril 2023 ( réalisée par Jolga Luvundisakio), Constant Omari ex président de la FECOFA, ancien président intérimaire de la CAF et FIFA, n’élude aucun sujet du football. Des élections de la FECOFA qui pointent à l’horizon, à l’ingérence de la FIFA par son président Infantino en ce qui concerne la gestion du football africain en passant par son probable retour à la CAF pour éradiquer ce qu’il a appelé le néocolonialisme dans le football africain par ceux qui dirigent la FIFA , l’homme moderne n’a pas mis sa langue en poche. Voici la deuxième partie de cet entretien
Les élections arrivent à la FECOFA, selon vous quel sera le profil idéal pour vous succéder ?
Constant Omari lui-même ne peut pas présenter le profil idéal pour son remplacement . Je ne prépare personne, je me porte à faux , pour la simple raison que je connais les intentions des uns et des autres . Il y a ceux qui pensent qu’il faut écarter tous ceux qui ont travaillé avec Omari et à tort ,et d’autres qui pensent qu’il faut consulter Omari pour qu’il nous dise qui pense-t-il peut diriger le football. Moi je reste comme un citoyen lambda et j’observe. Je suis en train de réfléchir sur quel pourrait être mon apport en termes de conseil. Éventuellement, il faut que nous sachions d’abord qui sont les candidats déclarés, en ce moment là, on va établir un tableau pour connaître les points forts et leurs faiblesses et le tout est incorporé par rapport au défi qui se présente aujourd’hui et demain. Ensuite, comparer le projet de chaque candidat, c’est à ce moment-là que je peux dire , je soutiens tel candidat puis que, je suis congolais. Les statuts sont déjà publiés, on attend le calendrier. Après, on va commencer à réfléchir. La chose qu’il faudrait faire , c’est de mettre sur pied , un comité qui va réellement travailler pour le football , avoir un projet cohérent et rationnel du développement de notre football,qui, juisse d’une confiance du corps électoral. Puis que ce comité va hériter d’un championnat à l’arrêt, d’un pouvoir de gestion de la fédération dilué par une normalisation voilée, un grignotage de prérogatives en matière de gestion des équipes nationales , une perte de confiance par rapport à l’état qui est bailleur de fonds, les défis sont importants, au delà des défis techniques. Il faut que ça soit un comité corsé, pas d’aventuriers. La plus grosse bêtise serait d’amener les aventuriers ou du tout venant.
On vous accuse de verrouiller les statuts de la FECOFA ?
Je dirai toujours cette affaire, je m’inscrirais toujours en faux. Aujourd’hui, Véron Mosengo Omba, secrétaire général de la CAF, posez lui la question s’il n’avait pas participé à l’élaboration de ces anciens statuts qu’on prétendait verrouillés par Omari. À ce moment-là, Omari n’était président de la FECOFA. j’étais membre , c’est à l’issue d ‘une crise qu’ils ont créé un comité provisoire, c’est en ce moment là que je suis passé de membre au deuxième vice-président du comité provisoire et dans l’entre temps les status étaient rédigés et adoptés sous la conduite du Monsieur Slim Aludi. À l’époque même, cette histoire de clé de verrou ce n’était pas partie de la FECOFA, ni Bwanandeke, ni Kurara , ni Kabamba , ni moi, avions verrouillé. C’est la FIFA tirant des leçons de conflit requérants. Et depuis que je suis devenu président, je n’ai changé aucun article des statuts en matière d’éligibilité.
Comment jugez-vous la gestion actuelle de la FIFA et CAF ?
Quand je parle , les gens disent que je suis dur , mais il s’observe une mainmise accrue , une très forte pression de la présence de la FIFA en Afrique , chose qui ne se fait pas au niveau de l’UEFA, de la CONCACAF,Conmebol ou de l’Océanie. Cette pression amène a une influence directe de la FIFA, même interventionnisme quotidien dans la gestion de la chose africaine. Cette présence accrue de Gianni Infantino en Afrique a même changé la philosophie de non ingérence politique dans le football. J’ai eu la chance d’être dans le comité de réforme de la FIFA, j’ai eu la chance de travailler avec João Havelange ,j’ai eu la chance de travailler avec Issa Hayatou , j’ai eu la chance aussi de travailler avec Infantino, donc j’ai des repères pour évaluer l’influence de chacun en Afrique. Havelange était moins africain, Blatter avait l’amour de l’Afrique mais non d’interventionisme en Afrique , la protection des fédérations avec le principe de non ingérence. Et il était interagissant sur ce cas. Infantino aime l’Afrique ,mais il veut aussi gérer l’Afrique. C’est qui ne se fait pas ailleurs. l’UEFA était même irritée parce qu’il fallait arrêter cet interventionisme pour qu’il ne se propage pas dans d’autres confédérations. Au de-la, nous africains, même les autres continents étaient sidérés de voir cet interventionnisme trop en Afrique. À un certain moment, Infantino voulait imposer une idée que la CAN ne puisse s’organiser que chaque 4 ans , il voulait résoudre le conflit avec des clubs européens sur la libération des joueurs, si nous n’étions pas prudents, nous serions tombés dans ce piège là. Donc, c’était de faire semblant d’aimer l’Afrique ,mais vouloir imposer des réformes qui puissent respirer l’UEFA pour qu’il puisse gérer son conflit. J’étais parmi les gens qui ont refusé cette décision. Je sais la pression qu’il a eu pour que Motsepe devienne président. Il est venu ici , on était reçus par le chef de l’État ( Félix Tshisekedi) , il s’est arrangé avec le président d’un club pour nous demander de quitter l’audience pour qu’il reste avec le chef , parce qu’il fallait passer l’idée que Motsepe devienne président. En ce moment là, le président Félix était président de l’Union Africaine et fallait me casser, par ce j’allais rejeter cette idée de Motsepe. Il en a profité pour raconter n’importe quoi, des mensonges que j’ai appris par après , dommage que je peux même l’amener en justice pour des mensonges qu’il a racontés sur moi… mais je me suis tu . Malheureusement, certaines autorités du pays ont cru parce c’était un blanc qui le dit. Or, toutes les stratégies visaient à emballer le président avec un championnat interscolaire au motif qu’on va vous aider et envoyer ceux qui sont arrivés ici pour mettre le comité de normalisation, qu’on va réformer et en contre partie, donnez nous la tête d’Omari. Il avait cette intention manifeste de m’abattre, parce que
Infantino sait que j’étais le seul à lui tenir tête au conseil, quand je n’étais pas d’accord, je lui disais en face, j’étais devenu gênant, il a réussi son coup , comme il l’a fait avec Michel Platini. Mais dans tout ça, j’avais senti que mon pays ne m’avait pas soutenu, la conséquence ce qu’on vit aujourd’hui, moindre petite décision personne ne défend. Le Rwanda vient de jouer sur un terrain non homologué , le Rwanda a pesé , parce que le président d’éthique de la FIFA est un rwandais, l’homme de Kagame. Les gens ont été emballés par le discours de Gianni. Depuis quand on met sur une lettre officielle le logo de la FIFA et CAF ? Ce qui traduisait réellement la mainmise. Hayatou était tellement jaloux de son Afrique, même Blatter ne pouvait parler du mal de la CAF même au comité exécutif, car il réagissait violemment. Je ne suis plus dans le football mais j’hésiterai pas de mener ce combat là, car, ce néocolonialisme dans le football on ne peut pas l’accepter. L’Afrique est majeure pour se prendre en charge

Comment vous allez mener ce combat, vous allez revenir à la CAF ?
Ça ne m’intéresse pas , mais il y a plusieurs moyens pour mener ce combat , je peux revenir à la CAF aussi, qui m’interdit? J’ai aucune interdiction de revenir à la CAF , ils ont pensé que je voulais revenir à la FECOFA , ils ont mis une clause dans les nouveaux statuts, que si tu étais sanctionné par la commission d’éthique il faut attendre 4 ans pour redevenir éligible , quand j’ai lu ça, j’ai juste rigolé . Moi qui étais comme chef de l’État en matière de Football et devenir bourgmestre , ce n’est pas normal, et je connais la personne qui a ajouté ça , parce que tout le monde à peur, après personne ne m’empêche de revenir à la CAF, je peux être candidat membre à la CAF et j’ai des amis qui croient à moi.
Jolga Luvundisakio
