Kinshasa, 21 mai 2025 – La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a rendu ce mardi un verdict historique en condamnant l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à 10 ans de prison ferme pour détournement de fonds publics. Il écope également de cinq années d’interdiction de vote et d’éligibilité, applicables à l’issue de sa peine. Il s’agit de la toute première condamnation pénale prononcée par cette haute juridiction depuis sa création il y a dix ans.
La Cour a également ordonné l’arrestation immédiate du député, la confiscation de ses biens en proportion des fonds détournés, et a exclu toute possibilité de libération conditionnelle.
Matata Ponyo a été reconnu coupable du détournement de plus de 245 millions de dollars américains. Ces fonds étaient destinés au développement du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, vaste projet agricole s’étendant sur 75 000 hectares dans la province du Kwango, ainsi qu’à la construction d’un marché international à Kinshasa, projet resté lettre morte depuis la pose de la première pierre en 2014 dans la commune de Maluku.
Deux autres personnalités ont également été condamnées dans cette affaire : l’homme d’affaires sud-africain Christos Gobler et l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, Deo Mutombo. Ils écopent chacun de cinq années de prison, sans possibilité de remise de peine.
L’enquête ayant conduit à ces condamnations avait été lancée par l’Inspection générale des finances (IGF), qui avait mis en lumière de graves irrégularités dans la gestion des fonds publics liés au projet Bukanga-Lonzo.
Jusqu’à présent, Matata Ponyo clamait son innocence et dénonçait des irrégularités de procédure, notamment l’absence de levée de son immunité parlementaire depuis son élection comme député en février 2024. La Cour constitutionnelle a cependant estimé que la levée d’immunité obtenue lors de la précédente législature au Sénat restait valable.
Cette décision marque un tournant dans la lutte contre l’impunité des hauts responsables en RDC et envoie un signal fort sur la volonté des institutions judiciaires de sanctionner les crimes économiques, même au plus haut sommet de l’État.
