
Les fortes pluies qui se sont abattues sur Kinshasa dans la nuit du 04 au 05 avril dernier ont une fois de plus endeuillé la ville. Des routes coupées, des maisons écroulées, des familles brisées. Parmi les voix qui se sont élevées face à ce drame, celle du pasteur Joseph Bondo Kasongo de l’église La Borne a résonné avec force.
« Nous vivons une folie immobilière dans cette ville », a-t-il dénoncé. Pour lui, le véritable fléau n’est pas seulement la pluie, mais surtout l’irresponsabilité collective en matière d’urbanisme. « On construit n’importe où, en méprisant les normes. Chaque parcelle est morcelée, chaque coin de verdure transformé en immeuble. Et lorsque la catastrophe survient, on se contente de pleurer les morts. »
Le pasteur rappelle que Kinshasa, autrefois Léopoldville, était bâtie selon un plan réfléchi. Des zones vertes, des terrains de sport, des espaces d’aération… Tout cela a disparu. « Les arbres qui absorbaient l’eau ont été arrachés. Les caniveaux sont obstrués ou inexistants. Et au lieu de réfléchir, on empile les constructions, sans même prévenir les services techniques. »
Ce laisser-aller urbanistique a des conséquences graves. Il raconte la mort tragique de trois enfants, écrasés dans leur sommeil par un mur effondré. « Peut-on accepter cela ? Peut-on tolérer que la pluie devienne un piège mortel ? »
Au-delà des problèmes techniques, le pasteur pointe du doigt une crise plus profonde : celle de la conscience. « Dieu nous a donné l’intelligence pour gérer la terre. Mais nous l’avons remplacée par la cupidité et le consumérisme. On construit, on consomme, on jette… sans se soucier des conséquences. »
Il évoque aussi le changement climatique, qui rend les intempéries de plus en plus violentes. « Ce que nous vivons ici, le monde entier le vit. Mais à Kinshasa, notre désordre urbain rend la situation encore plus dramatique. »
Face au changement climatique et à la fréquence croissante des phénomènes extrêmes, l’appel du pasteur est clair: une prise de conscience collective, un retour aux fondamentaux de la planification urbaine et une gestion responsable de l’environnement sont impératifs pour éviter d’autres drames.
Jolga Luvundisakio