7 novembre 2025

Depuis plus de deux décennies, le championnat congolais est gangrené par une pratique aussi sournoise que destructrice : les matchs à issue “prévisible”. Cette dérive, devenue quasi-normative, fait planer un soupçon constant d’arrangements entre clubs “amis” ou sous influences diverses. Saison après saison, certaines rencontres semblent écrites à l’avance, tant leur déroulement manque de spontanéité et d’authenticité.

Ailleurs, dans les grandes sphères du football mondial, des groupes tels que le City Football Group, Red Bull ou Eagle Football possèdent plusieurs clubs. Mais même dans ces cas, des garde-fous existent : l’UEFA, par exemple, interdit formellement qu’une même entité engage deux de ses clubs dans une même compétition. C’est un principe sacré d’équité, garant de l’intégrité sportive.

Chez nous, ces garde-fous sont inexistants ou ignorés. Le spectacle donné par certains matchs frôle l’indécence. Des exemples récents, comme Céleste – New Jack ou New Jack – Les Anges Verts, illustrent cette tendance. Des joueurs à l’attitude apathique, des défenses soudainement perméables, des erreurs grossières qui semblent tout sauf accidentelles… Le tout alimente un sentiment de tricherie organisé. Et ce sentiment n’est pas une vue de l’esprit : il est largement partagé par les supporters, les journalistes et même certains acteurs du jeu.

Le résultat est accablant : les clubs congolais sont inexistants sur la scène continentale. En compétitions interclubs africaines, ils font de la figuration. Comment espérer rivaliser avec des équipes physiquement prêtes, mentalement affûtées et rodées à la compétition, quand notre championnat local ressemble à une mauvaise pièce de théâtre ?

Des affiches comme:  Mazembe – Don Bosco, Maniema Union – Kuya, V.Club – Kuya, DCMP – Rangers  peinent aujourd’hui à susciter la moindre émotion. Le suspense s’est envolé, l’intensité est factice, et les tribunes se vident.

Le match du jeudi 24 avril entre le DCMP et l’AC Rangers en est une illustration flagrante. Si les efforts de Rangers en première période ont été remarqués, leur disparition soudaine en seconde mi-temps a laissé perplexes de nombreux observateurs. L’attitude attentiste, voire passive, de certains joueurs a alimenté les soupçons d’un possible “arrangement”. Aucune preuve tangible, certes, mais les signes sont trop récurrents pour être ignorés.

Il est grand temps d’agir.
La Commission de discipline de la Ligue Nationale de Football doit enfin sortir de sa léthargie. Les sanctions doivent être exemplaires. Des enquêtes indépendantes doivent être menées. La transparence doit devenir la norme. Car continuer à fermer les yeux, c’est assassiner le championnat à petit feu.

Un championnat sérieux et ambitieux ne peut progresser avec des pratiques qui démobilisent les joueurs, démotivent les entraîneurs, effraient les sponsors, et surtout trahissent le public. Le vrai football récompense le mérite, l’effort, et le talent pas les ententes de coulisses.

Le football doit se jouer sur le terrain. Pas dans les salons privés.

Dan Bonganga