La rencontre entre d’anciens chefs d’État, organisée à l’initiative de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et de la SADC, les 17 et 18 mai à Lomé, sous l’égide de l’Union africaine, s’inscrit dans la continuité des démarches régionales pour la stabilisation de cette région stratégique.
Autour de la table, cinq figures emblématiques : Olusegun Obasanjo (Nigeria), Uhuru Kenyatta (Kenya), Mokgweetsi Masisi (Botswana), Catherine Samba-Panza (RCA) et Sahle-Work Zewde (Éthiopie). Ce panel hétéroclite, mandaté par l’Union africaine, incarne la volonté de créer un front uni face à la complexité du dossier congolais. Leur mission première ? Fusionner les processus de Nairobi axé sur le dialogue avec les groupes armés et celui de Luanda, centré sur les tensions entre Kinshasa et Kigali.
La rencontre a mis en lumière l’impératif d’une coordination renforcée entre les organisations régionales. La CAE et la SADC, souvent perçues comme concurrentes, sont appelées à aligner leurs stratégies. Un défi de taille, alors que les récentes avancées diplomatiques, comme la Déclaration de principes RDC-Rwanda, restent fragiles. « L’articulation entre nos efforts déterminera l’efficacité réelle de cette médiation », a souligné un participant sous couvert d’anonymat.
Cette rencontre diplomatique de haut niveau s’inscrit dans une nouvelle dynamique régionale, venue en appui aux initiatives internes congolaises, notamment le Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble, porté par la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) et l’ECC (Église du Christ au Congo).
Dans un message posté sur X, le président togolais a déclaré :
« C’est avec optimisme et foi en l’avenir du continent que j’ai présidé ce jour à Lomé, en tant que médiateur de l’Union africaine pour la crise à l’Est de la RDC, la première réunion du panel des facilitateurs. Ces échanges ont permis d’harmoniser les vues et de poser les bases d’une coordination fluide et inclusive. »
Les déclarations de bonne volonté des belligérants ont été accueillies avec prudence. Si Kinshasa et Kigali affichent une ouverture au dialogue, les combats entre le M23 et l’armée congolaise se poursuivent dans le Nord-Kivu. Les facilitateurs misent sur un calendrier serré : mise en place d’un cadre opérationnel intégré d’ici fin juillet, suivi d’une feuille de route contraignante. Mais l’histoire récente des processus de paix avortés invite à la vigilance. Comme le rappelle un expert congolais sous couvert d’anonymat : « L’enjeu n’est pas de créer une énième structure, mais de faire appliquer les engagements existants. »
La RDC se trouve aujourd’hui à un carrefour stratégique : celui où la diplomatie régionale, l’action citoyenne, la foi et la sagesse des acteurs locaux peuvent converger vers une solution historique.
Assiyah Tshamunyongue
